Armes gauloises de Rives.
Dessins
B. Charvet
Le Dauphiné n'a pas eu
de gisements préhistoriques importants au début des recherches archéologiques
du XIXe siècle et les Alpes ne peuvent être comparées à des régions comme
le Sud- Ouest de la France ou la Bretagne dont les vestiges sont soit très
anciens et abondants soit très spectaculaires… Par conséquent nous n'avons
pas eu de savants de grande renommée comme les Lartet, les Piette, les Perony,
les Christy qui ont, en quelques décennies, établi les bases de la préhistoire
en France et en Europe. Nos sites sont plus modestes et nos érudits amateurs
d'antiquités ont fait de leur mieux pour fouiller, étudier et publier le patrimoine
que souvent le hasard mettait au jour.
Sa conservation a été très inégale et malheureusement beaucoup de pièces ne
nous sont pas parvenues, c'est pourquoi nous nous redevable à quelques
collectionneurs et à leurs héritiers de nous avoir transmis ces documents
qui nous permettent de connaître un peu notre passé.
La
récolte des témoins de la préhistoire commence en 1810,
par la découverte des poignards en bronze de Loriol, dans la Drôme …
" Ceux-ci furent trouvés
au nombre de quatre, en 1810, à 15 pieds de profondeur, près de Loriol, département
de la Drôme, entre Saint-Fond et Fucinet, près de la grand'route de Marseille,
au lieu même où les géographes placent l'ancienne Brancia, non loin du camp
d'Annibal. La découverte de ces quatre beaux poignards
fut l'effet d'un heureux hasard. Ils étaient couchés en terre les uns au-dessus
des autres, dans le lit d'un torrent ; une grande pluie ayant fait déborder
le torrent les eaux emportèrent la terre et mirent à nu les quatre pommeaux.
Un paysan les aperçut et les prit de loin pour quatre champignons, mais les
ayant observés
pendant plusieurs mois, il alla enfin les visiter de plus près. Un coup de
sabot lui apprit qu'il avait affaire à des corps plus durs que des champignons.
Il les arracha de la terre comme d'une gaine, en porta trois à Faujas qui
était alors à Saint-Fond et vendit le quatrième ".
Voici ce qu'écrit F. Jouannet, en 1824, dans une revue d'Aquitaine. Cette
relation ne manque pas de saveur ni d'intérêt scientifique et nous la croyons
digne d'être reproduite pour marquer la plus ancienne découverte préhistorique
connue en Dauphiné.
Les poignards sont attribués aux Gallo-Romains par celui qui les a achetés,
Barthélémi Faujas de Saint Fond. On sait aujourd'hui que ces armes, exceptionnelles
par leur décor et leur taille, sortaient des ateliers de bronziers installés
près des mines de cuivre du Valais, en Suisse, au cours de l'âge du Bronze
ancien (XVIe siècle av. J.-C.). Elles témoignent de la richesse des premiers
" princes " qui émergeaient avec les changements sociaux liés aux débuts de
la métallurgie.
Le nord
Dauphiné se distingue dès 1818...
avec la fameuse tombe à char gauloise de Vernas
En 1818 des travaux
agricoles, près du Rhône, à Vernas, éventrent un énorme tumulus : y sont enfouis
des fragments de fer et de bronze. Le comte de Vernas, propriétaire des lieux,
recueille précieusement ces pièces où peuvent se reconnaître des morceaux
de jante de roues, des frettes de moyeu, des épées, des lances en fer et aussi
des débris de tôle de bronze. Cet érudit en mesure l'importance puisqu'il
les place dans les vitrines murales d'une pièce d'honneur de son château.
Ce sont les restes d'un char et les armes de plusieurs guerriers gaulois;
ce char, le plus méridional découvert en France, a été
restauré pour être présenté à la Maison du Patrimoine de Hières-sur-Amby.
Toujours à Vernas, le seul dolmen du nord-Dauphiné.
Un dolmen, encore partiellement recouvert de terre, proche du château de Vernas, est nommé depuis longtemps le " tombeau du général " ou " tombeau du général romain " car dans la tradition locale, où les dolmens sont inconnus, ce ne pouvait qu'être le tombeau d'un haut personnage. En 1846, il attise la convoitise d'un Lyonnais, F. Artaud, qui le fouille comme c'est d'usage à l'époque à la pelle et à la pioche. Il extrait du remplissage des vestiges osseux, certainement fragmentés, qu'il ne conserve pas mais dépose dans les collections du comte de Vernas un petit poignard en cuivre et plusieurs tessons d'un vase étrange. En 1974, nous reprenions l'étude de ce monument préhistorique unique dans la région, pour en comprendre l'architecture et l'évolution ; le poignard et les tessons retrouvés au Château de Vernas le datent de l'âge du Cuivre, à la fin du IIe millénaire av. J.C.
Un éclair
et un dépôt sort de terre à Goncelin,
dans la vallée du Grésivaudan
Le 14 juin 1827, la Montagne
des Cinq Crêts à 1.200 m d'altitude au-dessus de Goncelin, Isère, est le théâtre
d'un bien étrange phénomène : la foudre tombe sur le sol d'une prairie près
d'une mine de fer. Des mineurs accourus trouvent éparpillés des objets de
bronze tout à fait inconnus pour eux. Il y avait plus de 20 kg " de pointes
de lance, de bracelets, de couteaux, de marteaux, etc. ". La plupart fut récupérée
par les habitants et perdus par la suite mais d'autres furent conservés dans
la collection de M. Chaper, propriétaire de la mine, au château d'Herbeys
près de Grenoble. On doit
donc à sa curiosité et à son intérêt pour les antiquités de connaître ce dépôt
dès le début du XIXe siècle. Il l'étudia et le publia avec M. de Saint-Mémin
en 1838. Il date du Xe siècle av. J.-C., à la fin de l'âge du Bronze, regroupant
des témoins de la première métallurgie régionale et des lingots de cuivre
venant du nord des Apennins en Italie.
Un haut
lieu de la Préhistoire dauphinoise :
les balmes de la Buisse et de Voreppe
La cluse de l'Isère
à Voreppe est un point de passage obligé pour pénétrer au cœur des Alpes.
Les falaises calcaires qui la bordent au nord sont percées d'un chapelet de
grottes propices à l'installation des hommes. L'exploitation d'un éboulis
pour la construction de la route, avait agrandi une ouverture entre des blocs
rocheux. C'est donc là, dans une des balmes de La Buisse, la grotte de Fontabert,
que le 7 mars 1841 un cultivateur et des ouvriers pénètrent et découvrent
un spectacle étrange : des osse-
ments fracturés jonchent le sol sur plus de 100m². Tout de suite ils ramassent
des silex et quelques ossements qui seront emmenés par le cultivateur. Puis
pendant trois mois des érudits curieux d'antiquités, alertés par la découverte,
viendront chercher des vestiges parmi les os cassés et la terre. On connaît
encore M. Reppelin, avocat à Grenoble en avril, puis le Dr Alexandre Charvet,
en mai, effectue une fouille en dégageant des silex, une pioche en bois de
cerf et de très nombreux ossements dont des crânes complets qu'il conservera
dans de bonnes conditions . Ce savant achètera toutes les pièces en possession
du cultivateur et les remettra au comte de Galbert, propriétaire de la grotte,
matériel que les héritiers du comte déposeront plus tard dans la collection
des Antiques de la Bibliothèque municipale de Grenoble.
Parmi les découvertes, deux éléments ne manquent pas d'intriguer. Une plaque
découpée dans une calotte crânienne fut prise pour une petite coupe ou une
" cuillère sans manche " et se révèle en réalité une rondelle de trépanation
détachée au silex.
Plus spectaculaire, et encore aujourd'hui énigmatique, est un croissant de
roche verte remarquablement poli et percé en son centre : cet objet, d'une
beauté troublante et dont on ne connaît aucune comparaison, est fort vraisemblablement
une pendeloque. Un amateur local en 1856, A. Faure, y recueille d'autres silex
et va exécuter les premières fouilles de la grotte voisine de l'Ermitage.
De 1879 à 1882 un autre amateur d'antiquités, P. Fière, découvre plus profondément
enfoui sous les restes de l'ossuaire, un squelette complet accompagné d'une
lame de silex témoin : le rite funéraire différent est plus ancien de quelques
siècles. A cette époque, la période néolithique, dite alors " de la pierre
polie ", a été identifiée par les préhistoriens sous le terme de " Robenhausien
" et nos fouilleurs datent de cette époque l'ossuaire de Fontabert ; aujourd'hui
on sait que le rite en sépulture collective est originaire du Midi et daté
plus précisément de la fin Néolithique et du début de l'âge du Bronze, à cheval
sur le 3e et le 2e millénaire.
Ce site préhistorique attirera encore longtemps les archéologues puisqu'en
septembre 1894, M. de Villenoisy et le jeune Müller tamisent les déblais des
anciennes fouilles et récupèrent pointes de flèches et lames en silex, poinçons
d'os et céramiques. Nous avons vu qu'en 1856 et 1879, l'immense grotte voisine
de l'Ermitage avait subi la pelle et la pioche des chercheurs : H. Müller
s'y intéresse aussi en 1911 et dans ce qui reste de sédiments il sort des
silex de la fin du Paléolithique supérieur. Pendant 70 ans les grottes entre
La Buisse et Voreppe seront le point de mire des recherches réhistoriques
régionales avec les résultats que l'on a vus ; malgré les techniques plus
ou moins rudimentaires utilisées, la région grenobloise tient ici une place
très honorable dans la Préhistoire française.
Les
Hautes-Alpes font parler d'elles,
avec le dépôt de Ribiers
En 1834, 122 objets en bronze furent exhumés, dans le vallon de Claret au quartier de Peyrimpin, par un cultivateur qui les vendit " moyennant quelques écus " à Ed. de Laplane. Celui-ci déposa douze pièces au musée de Saint-Omer, trente neuf ont été exposées au palais du Trocadéro en 1878 lors de l'Exposition universelle et d'autres ont été dispersées… Il décrit ce dépôt en 1842 dans son ouvrage sur l'histoire de Sisteron, d'une manière remarquablement précise et " scientifique " pour l'époque ; bien sûr, il fut attribué aux Gaulois puisqu'il était antérieur aux Romains… C'est un dépôt d'objets intacts comportant haches, bracelets, boutons, pendeloques, scies, faucilles, couteaux, épée, etc. caractéristiques de la splendide et originale métallurgie alpine de la fin de l'âge du Bronze (Xe siècle av. J.-C.) qui sera illustrée par la suite avec de nombreuses trouvailles toujours placées en altitude élevée. Il entre dans la catégorie des dépôts si particuliers aux Hautes- Alpes et qui seront illustrés par de nombreuses autres découvertes.
Puis la Drôme, avec le dépôt de Charens
Un lot de 35 objets entiers en bronze comprenant haches, faucilles, couteaux et pendeloques diverses fut découvert près des Boulignons, en 1842 et se retrouvent dans la collection Fontgalland de Die où il a été photographié par H. Müller ; le Musée de Die le présente aujourd'hui au public.
Les " Gaulois " occupent aussi les Alpes…
Bien avant 1839 on a compris que les montagnes avaient attiré les hommes il y a fort longtemps. En effet en Oisans, à Venosc, des tombes limitées par des dalles de schiste contenaient des squelettes de grande taille allongés la tête à l'est. Elles avaient attiré l'attention et de nouvelles découvertes en 1839 intéressèrent un " savant ", M. Rochas d'Aiglun, qui en publia le compte rendu en 1840 dans le Courrier de l'Isère. Les bracelets et les perles trou- vées avec les ossements furent attribués aux Gaulois étant d'un type inconnu parmi les vestiges gallo-romains. D'autres tombes furent dégagées à plusieurs reprises et décrites en 1858 et 1867. Les découvertes allaient se multiplier jusqu'à la fin du siècle, dont les objets encore conservés nous ont permis de décrire une véritable civilisation alpine qui s'est mise en place dès le VIe siècle av. J.C. et qui se maintient jusqu'à la conquête romaine sous Auguste.
En 1858, c'est à Ornon, au pied du col qui relie la Matheysine à l'Oisans, dans le hameau de la Palud, que des fondations pour une construction mettent au jour des corps à 2m60 de profondeur. Ceux-ci étaient parés de nombreux bracelets gravés en bronze, de perles d'ambre et de colliers en chaînettes. L'abondant mobilier funéraire attira bien des convoitises et fut dispersé dans plusieurs musées et collections particulières. C'est encore le Courrier de l'Isère qui annonça la découverte de ces " Gaulois " qui firent l'objet d'études plus sérieuses comme celle d'A. Macé en 1858.
L'Oisans, décidément bien riche en occupants, livre encore en 1860, à Mont-de-Lans une sépulture semblable, avec toujours des bracelets de bronze décorés et des perles. Le Courrier de l'Isère l'annonce après une lettre reçue de M. Oddoux. Après quelques péripéties une partie du mobilier funéraire arrive au Musée Dauphinois plus de 100 ans plus tard.
Toutes ces tombes, regroupées en cimetières, témoignent de la présence de villages sur la voie qui reliait la vallée du Drac au le col du Lautaret vers l'Italie, à l'âge du Fer à partir du VIIe siècle av. J.-C. Ce ne sont pas des Celtes mais des autochtones alpins dont plusieurs groupes occupaient les hautes vallées de l'Isère, de l'Arc, de la Romanche, du Guil et de l'Ubaye, groupes qui possédaient tous des caractères spécifiques : ici, c'est le " groupe de l'Oisans ".
La vallée du Guil, dans
les Hautes-Alpes, a connu les mêmes découvertes de tombes richement pourvues
de bracelets, boutons et fibule en bronze sur le territoire de Guillestre
: en 1832 à Moreisse, en 1843 à Peyre-Haute, en 1853 à Champ-Chevallier.
Attirés par cette abondance des vestiges E. Chantre et B. Tournier fouillèrent,
en 1874, plusieurs sépultures d'un vaste cimetière à Panacelle dont les relevés
précis des tombes et le mobilier funéraire figurent dans l'ouvrage de
E. Chantre sur l'âge du Fer en 1880. Les personnes qui ont eu à intervenir
au cours des différentes découvertes ont dévolu le matériel au Muséum de Lyon,
aux Musées de Gap, de Toulouse et au Musée Dauphinois, sans compter ce qui
a malheureusement disparu. Dès 1871 B. Tournier publie l'historique et la
première description des trouvailles de ces tombes caractéristiques du " groupe
du Queyras " de la civilisation alpine à l'âge du Fer.
Dépôt de Saint-Siméon-de-Bressieux, Isère
Vers 1860 un paysan,
en cultivant un champ au lieu-dit le Truchet, met au jour un lot important
d'objets de bronze. Une grande partie a fait la joie des fondeurs ambulants
et il en reste ce que A.. Faure a récupéré quelques temps après la découverte
en prenant des échantillons de tous les objets : haches à ailerons et à douille,
lingots et bracelets. Ils furent dispersés dans les collections Faure et Vallier
et au Musée des Antiquités Nationales. Ce
dépôt, datant de la fin de l'âge du Bronze (VIIIe siècle av. J.-C.), est connu
surtout par la publication de E. Chantre en 1875.
Le dépôt de Reventin-Vaugris, dans la vallée du Rhône
Dans un champ qui domine
le Rhône à la Poype, furent sortis en 1869, des objets en bronze d'un poids
de 9 kg, vendus à un récupérateur de métaux à qui E. Chantre les racheta.
Pratiquement aucun n'est intact, toujours fracturés intentionnellement en
de nombreux fragments : ceux-ci, de poids très variables, peuvent représenter
une protomonnaie pour se substituer au troc de marchandises au début de l'âge
du Bronze final (XIIIe siècle av. J.-C.). Des haches, des faucilles, des épées,
des poignards, des bracelets et
des morceaux de tôle ont été acquis par le Muséum d'histoire naturelle de
Lyon et publiés par E. Chantre en 1875.
Le dépôt de Réallon, dans les Hautes-Alpes
Un dépôt de 461 pièces et de même composition que celui de Ribiers, déjà évoqué,
fut découvert en 1870 près d'un ruisseau. Il fait aujourd'hui partie des collections
du Musée des Antiquités Nationales et c'est E. Chantre qui le publia magnifiquement
en 1875. Un autre très semblable a été découvert tout à côté en 1874 et il
est à l'honneur au Musée de Gap.
De vrais guerriers gaulois à Rives, Isère
En janvier 1882, un petit taillis fut nettoyé au " Plan " près de la route de Rives à Renage dans la vallée de la Fure. Sur deux mètres carrés il y avait des ossements calcinés, des épées, des fibules et une chaîne en fer. Le Dr Bernard Charvet, neveu du Dr A. Charvet que l'on déjà rencontré à la Buisse, alerté vint sur les lieux en avril pour creuser le sol et y retrouve encore quelques objets. Cette découverte est importante pour la connaissance des Gaulois en Dauphiné et aussi pour la qualité extraordinaire du matériel que portaient ces soldats incinérés au IIIe siècle avant J.C. En effet deux fibules et un baudrier porte-épée non oxydés faisaient l'admiration du découvreur. Le baudrier, témoin de l'excellence des métallurgistes qui avaient obtenu un fer chimiquement pur et l'habileté des forgerons gaulois, est un des plus beaux d'Europe que tous les spécialistes de l'âge du Fer sont venus admirer. Le Musée Dauphinois, à Grenoble, en conserve le matériel.
Une nécropole de l'âge du Fer à Rochefort
Au sud de Grenoble, en
1884, le pied oriental du Grand Rochefort à Varces est terrassé pour le captage
des eaux des sources de Fontagnieu. Plusieurs tombes sont ouvertes avec des
corps ornés de bracelets de bronze, de fer et de lignite qui, pour la plupart
ont disparu. Il reste dans les collections seulement ce qui fut récupéré sur
le terrain par le Dr Bernard Charvet et M. Maignien, conservateur de la Bibliothèque
Municipale de Grenoble qui augmente ainsi les richesses de ses collections
d'Antiques.
A cette époq ue les grandes subdivisions de la Préhistoire sont définies et
les découvreurs placent avec raison la nécropole de Varces à la période de
Hallstatt, c'est-à-dire au premier âge du Fer (VIe-Ve siècle avant J.C.).
En 1931, une autre nécropole semblable fut fouillée par H. Müller, à l'ouest
du rocher de Rochefort et elle comportait un matériel du même âge.
Le char cultuel de la Côte-Saint-André
Dans la séance du 27
février 1889 de la Société des Antiquaires de France, A. de Barthélémy lit
une communication de quinze lignes pour annoncer que quatre roues, un bassin
et un seau, tous en bronze, avaient été exhumés en 1888 à la Côte-Saint-André
et acquis par le " Musée des antiques de Lyon " pour la somme de 3.700 francs
or...
Un énorme tas de pierres, au hameau du Garchat, avait livré vers 1800 des
corps humains et des tessons comme le signale E. Chantre en 1867. Ce tumulus
fut arasé, en 1888, pour aplanir des terres agricoles au centre de la plaine
de la Bièvre. La description de la découverte permet de penser qu'il y avait
encore une partie de la caisse et probablement un timon en bois ; nous sont
parvenus quatre roues en bronze coulé, un seau à deux anses et un bassin bas
à fond arrondi, remarquablement publiés en 1960 par G. Chapotat et présentés
au Musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon.
Rapproché, dans les premiers comptes rendus, du char gaulois de Vernas celui-ci
est d'âge bien antérieur et son utilisation bien plus complexe. Les roues
de bronze coulé sont utilisées en Europe occidentale à la fin de l'âge du
Bronze (une date dendrochronologique du bois contenu dans les jantes donne
765 av. J.-C.) mais les récipients en tôle de bronze sont plus tardifs, entre
le VIIe et le VIe av. J.-C., donc au premier âge du Fer. On est devant un
véhicule cultuel, utilisé durant au moins deux siècles, qui devait promener
" l'eau lustrale " dans les terroirs alentour ; cette aspersion d'eau bénite
ou " lustration ", connue depuis l'antiquité grecque et romaine, était pratiquée
en Europe dès l'âge du Bronze et la découverte de la Côte-Saint-André la
confirme en la montrant encore pratiquée au cœur du Dauphiné plusieurs siècles
plus tard.
Elle a même dû se poursuivre plus longtemps car au Ve siècle l'évêque de Vienne,
Saint Mamert, institua dans son diocèse le rite des Rogations, rite étendu
à toute la chrétienté par le concile d'Orléans en 511.
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LA PRÉHISTOIRE DAUPHINOISE
AU TEMPS DES PIONNIERS DU XIXe Siècle
par Aimé Bocquet