Les Monnaies
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Carte archéologique
de la Tène finale
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Les monnaies sont de deux types :
Monnaies gauloises (très souvent d'origine allobroge) émises à partir du IIe siècle av. J.-C.
Oboles de Marseille émises déjà au cours du IIIe siècle av. J.-C.
Carte des dépôts et de répartition des monnaies
monnaie au cavalier
monnaie au buste de cheval
monnaie au cervidé
Obole de Marseille
monnaie au cheval galopant
Voir aussi V. Kruta
La monnaie à la base de l'Etat
L'usage de la monnaie suppose une organisation politique qui dispose de moyens de contrôle à la fois de la masse monétaire mise en circulation, des changes aux frontières et de l'authenticité du numéraire. Il s'agit sans doute de l'élément le plus décisif pour appeler ces entités politiques des Etats.


L'Allobrogie offre une abondance exceptionnelle qui traduit une richesse rarement égalée en Gaule, mis à part les Arvernes (voir carte).

Leur dispersion permet de compléter le semis des habitats.
Une différence existe entre les dépôts et les monnaies
isolées : les pièces isolées sont majoritaires dans la partie
orientale alors que les dépôts dominent très largement à
l'ouest, dans les plaines et dans le massif de Crémieu. Est-ce fortuit ou bien cela traduit-il une plus grande richesse à l'ouest ?

Les Alpins semblent avoir préféré le troc pour les transactions commerciales et c'est un trait supplémentaire de leur originalité que de ne pas rentrer dans le système économique gaulois proche de celui du monde méditerranéen. En effet, on note une absence quasi totale du numéraire dans les massifs internes où on connaît seulement de rares sites qui en ont livré: une des Séquanes au col du Petit-Saint-Bernard, une allobroge à Cevins en Tarentaise (celle signalée à Albiez est douteuse).

Les Allobroges ont donc été de grands monnayeurs mais la
question de leur approvisionnement en or et en argent est
rarement posée. Mis à part les mines d'argent de l'Argentièrela Bessée (Hautes-Alpes) qui étaient en service à l'époque gauloise, on ne possède aucune trace archéologique d'exploitation dans les Alpes savoyardes. Il est fort possible pourtant que les Allobroges aient tiré profit d'un ou de plusieurs des sites argentifères connus en Tarentaise et à l'est de la Combe de Savoie, ce qui serait une des raisons de leur puissance ; nous verrons plus loin que l'hydronymie indique l'exploitation probable de filons d'argent en altitude (voir le chapitre Mines).

 

Une monnaie allobroge rappelle le passage d'Hannibal…

Certains numismates ont été frappé de la ressemblance de premières monnaies frap-pées par les Allobroges, celles dites au buste de cheval, avec des pièces puniques émises en Sicile. Il est indiscutable que la ressemblance du motif est frappante comme le montre les figures 149 et 150 : port de la tête, bouche ouverte, joues marquées, base concave du cou et crinière bouclée. Autant de détails semblables, cela ne peut pas être fortuit.
Des pièces de monnaies puniques ont pu être offertes ou perdues en chemin par des soldats d'Hannibal en 218 ; elles auraient été conservées comme témoignage d'évènements inoubliables. La gravure d'un buste de cheval très particulier qu'elles portent réapparaîtra un siècle plus tard sur le plus ancien monnayage allobroge, celui de la fin du IIe siècle.
Que déduire de cette convergence monétaire ? Que l'épopée des Carthaginois qui s'est déroulée sous les yeux des Gaulois et des Alpins, a dû terriblement frappé les esprits. Il est évident aussi qu'elle ne s'est pas effacée rapidement des mémoires : des pièces puniques ont été conservées pendant longtemps en témoignage de cette armée venue de si loin. Nous aurions là un témoignage d'une mythologie fabuleuse si cette hypothèse est exacte, et pourquoi pas ? Ce serait la preuve du profond impact laissé dans la mémoire collective par les soldats, cavaliers, mules et éléphants aperçus ou combattus le long de la route. Figurer, en le copiant fidèlement, le cheval monté par les envahisseurs 100 ans plus tôt, sur les premières monnaies que les Allobroges ont été capables d'émettre, n'est-ce pas là l'évidence de la profonde et durable empreinte laissée dans les esprits par ces combats et ces pertes.

 

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ALLOBROGES ET ALLOBROGIE
par Aimé Bocquet


J'ai eu connaissance de nombreuses monnaies allobroges inédites en Savoie et je remercie les chercheurs qui me les ont montrées pour compléter la documentation historique.
- un dépôt de 4 monnaies au Viviers à Chignin,
- un dizaine de pièces à Aiguebelle,
- une pièce aux Cailles à Chignin,
- deux pièces à Montmélian,
- deux pièces à Cevins,
- deux pièces aux Marches,
- deux pièces à Chapareillan,
- une pièce au Mont à Epierre.

Monnaies allobroges au buste de cheval. Elles appartiennent aux plus anciennes monnaies allobroges. (130/120 av. J.-C. ). Celle du bas provient d'Arbin, Savoie.
Tétradrachmes siculo-puniques
émis vers 300 av. J.-C.
A comparer aux monnaies gauloises