Le recensement des toponymes gaulois, sur le territoire de
l'Allobrogie, a été approfondi et très critique afin d'éliminer
ceux qui pourraient poser des problèmes.
On en a sélectionné 170 : 10 sont des noms de personnes et 160 sont liés à la topographie ou à la nature (bois, eaux et cours d'eau) . Nous n'avons pas visé à l'exhaustivité mais à la rigueur
dans les choix.- 27,1 % concernent les eaux : rivière, étang, source,
ruisseau.
- 19,6 % concernent la position dans le paysage : pied de
pente, combe, hauteur, grotte, etc.
- 13,3 % concernent les bois ou forêts
- 9,8 % concernent les places fortes ou citadelles
- 9,2 % concernent des noms de personnes
- 8,1 % concernent les animaux ou les végétaux : ours,
cheval, pomme, if, courge, etc.
- 6,9 % concernent les frontières.
- 5,7 % signifient ville ou village.Plus de 60 % sont issus des éléments naturels et du paysage ;
10 % sont liés au frontières et aux citadelles.Les toponymes et hydronymes retenus nous ont donné trois types de réponse : la localisation de places fortes ou de postes de guet éventuels, le semis d'occupation sur le territoire et la position de limites territoriales à l'intérieur du pays.
Les toponymes montrent l'extension de l'occupation
Les toponymes ont une densité toute particulière dans l'Isle Crémieu entre Rhône et Bourbre, dans la vallée de l'Isère au débouché de la cluse de Grenoble, dans l'Y grenoblois et dans le Grésivaudan, dans la cluse de Chambéry et la Combe de Savoie, en rive droite du Rhône, entre la sortie du bassin de Genève et celui de Culoz ; la vallée des Usses, l'Albanais et
le Chablais sont moins riches.
Cela correspond à des zones très habitées, en particulier le massif de Crémieu, et ces densités renforcent la répartition des données archéologiques sans jamais les contredire. Certaines régions sont autant dépourvues de toponymes
gaulois que de restes archéologiques et on pense qu'elles n'étaient pas occupées, ou du moins pas de manière permanente : la plus grande partie des " Terres Froides " et des Chambarands en Bas-Dauphiné et les montagnes avec
le massif de Belledonne-Sept Laux, les massifs subalpins des Bauges, des Bornes et des Aravis, du Beaufortin, d'Abondance et de Chartreuse.Les toponymes et la celtisation du "domaine alpin"
Les hautes vallées alpines ont conservé tout au long de la Tène
leur rite funéraire en tombe plate avec coffre de pierre (lauzes ou galets). Nous avons vu qu'elles avaient reçu des parures, à la Tène ancienne (IVe/début du IIIe siècle) ainsi qu'à la Tène moyenne (fin du IIIe et début du IIe siècle). A la Tène finale des bijoux italiques (Civilisation de Golasecca) ornent des tombes au pied du col du Montcenis à Lanslevillard.Mais la Tarentaise, chez les Ceutrons, possède onze toponymes gaulois alors que la Maurienne n'en a pas, montrant ainsi une celtisation plus intense : cela pourrait confirmer que cette voie transalpine, la seule carrossable comme l'indique Strabon et la plus courte entre la Gaule centrale et l'Italie du Nord, a été particulièrement entretenue par les Gaulois.
La frontière entre les Ceutrons et les Salasses du Val d'Aoste
était sur un ruisseau se jetant en rive gauche dans la Doire Baltée, à côté de Morgex et près duquel il y a encore un village du nom de Morge : comme on le verra plus loin ces ruisseaux sont des cours d'eau frontière (morginno en gaulois).On peut penser aussi aux exploitations minières que l'on verra
plus loin.
Les Ceutrons de la haute vallée de l'Arve et de la région
de Megève ont subi la même celtisation si on en croit
les toponymes.
