La métallurgie du cuivre sera remplacée, dès la fin du IIIe millénaire, par celle du bronze, toujours sous l'influence des progrès techniques venus d'Europe centrale. Au cuivre on ajoute de l'étain ; celui-ci, beaucoup plus rare, parvient de deux grandes régions productrices. Deux pôles s'individualiseront alors, l'occidental avec l'étain de Cornouailles et de Bretagne et celui du centre de l'Europe avec l'étain de Bohême.
Le début de l'âge du Bronze connaîtra rapidement de multiples faciès techniques localisés dans des régions différentes. Les premières productions de bronze seront d'abord implantés près des gisements métallifères, comme au Chalcolitique, puis rapidement les voies commerciales se développant, le minerai lui-même sera transporté sur de longues distances, en général là où le
combustible est abondant pour satisfaire des productions de masse : il faut un mètre cube de bois pour traiter et façonner un kilo de cuivre.. N'oublions pas qu'en haute montagne le bois peut être rare ou difficilement transportable, ce qui limite les quantités de métal raffiné.
Il en résultera un changement d'échelle dans les productions de matière première et dans l'intensité des échanges, à l'intérieur et autour des Alpes ; ceci favorisera le peuplement permanent et définitif de nombreuses zones de l'arc alpin, la création de nouvelles voies de pénétration et l'utilisation intense des axes transalpins.
En Autriche, ce phénomène est net avec la vallée de l'Inn, le Voralberg, le Tyrol, la vallée de la Salzach, à Niederosterwitz en Styrie, les vallées du Gurk, du Glan et de la Möll.
Sous l'infleunce de puissant centre métallurgique de l'Autriche du Nord, le Valais voit fleurir la Civilisation du Rhône qui exploitera les cuivres du Val d'Hérens et du Val d'Anniviers et exportera ses productions métalliques ori-ginales jusqu'à la Méditerranée. En plus, elle créera des "succursales" dans les Hautes-Alpes en rapport avec le cuivre abondant dans cette région ; les mines de Saint-Véran sont exploitées vers 1800/1700 av. J.C.
Dans les préalpes bernoises et les Grisons de véritables villages s'édifient à Cazis-Cresta, à Crestaulta et à Savognin dans l'Oberhallbstein à 1300m d'altitude, sur la route du Tyrol. Ici il n'y a pas de productions métalliques ; c'est une colonisation des terroirs et l'ouverture des voies.En Italie, les régions cuprifères du Trentin et du haut Adige, déjà très exploités au Chalcolithique, alimenteront les ateliers lombards de la civilisation de la Polada. Là aussi des sites de hauteurs s'implantent comme celui de Saxnerknott en amont de Merano, de Gantschna-Gencina au-dessus de Bolzano, etc.
Les grands cols sont tous largement ouverts au trafic transalpin : le Brenner, la Rienza, le San Bernardino relient la plaine du Pô à l'Inn, à la Carinthie et à la haute vallée du Rhin.
Dans la plupart des sites archéologiques alpins du début du IIe millénaire apparaissent des objets de provenance lointaine, témoins des échanges : épingles et céramiques italiques à Crestaulta et à Savognin en Suisse, haches du Valais en haut Piémont, vases de Lombardie en Dauphiné, etc.
Pour répondre à une production plus importante, le minerai se transporte sur de longues distances pour alimenter des ateliers spécialisés où se concentrent des artisans.
Le cuivre exploité dans la vallée de l'Inn, à 1200m d'altitude, sert à fabriquer des armes et des outils retrouvés du Rhin à la Styrie et en basse Autriche. Les bronziers du lac du Bourget, au début du Ier millénaire av. J.-C., raffinent du minerai de haute Maurienne où ils exploitent les filons locaux. Par contre à la même époque, une partie de la métallurgie des Alpes du Nord françaises, comme celle de certains ateliers lacustres suisses, utilisent des lingots de cuivre fondus dans les Apennins...La société change
A partir de 1500 av. J.C. on assiste en Europe à une intensification des mouvements migratoires et des échanges qui vont de pair avec les progrès
des techniques métallurgiques ; la spécialisation poussée du bronzier perfectionne l'équipement de l'artisan et les armes du guerrier. L'organisation
sociale devient plus hiérarchisée, l'usage du cheval se banalise et les armes se font plus nombreuses pour équiper les armées nécessaires à la protection de nouvelles richesses si enviées. l'emploi du char témoigne de la construction de véritables routes.
La population augmente, favorisée par une amélioration climatique entre 1200 et 800 av. J.C., après un ralentissement de la croissance, lors d'une péjoration climatique à l'âge du Bronze moyen (XVIe et XVe siècle av. J.C.).
Les déplacements individuels et collectifs, l'intensification des contacts et des influences traduisent des mouvements géopolitiques importants en Europe à l'âge du Bronze final. Les zones de montagnes en subissent les contrecoups : la plupart des grottes, même celles d'accès difficile, sont occupées alors que s'installent, tout autour et à l'intérieur des Alpes, des places fortes sur des sites stratégiques contrôlant les routes (Varces près de Grenoble, la Salle-en-Beaumont sur le haut Drac par exemple). Tout cela témoigne de temps troublés, d'instabilité politique et commerciale à la fin de l'âge du Bronze, entre 900 et 700 av. J.C.
Les analyses de pollens comme les vestiges archéologiques témoignent de la mise en valeur de nouveaux terroirs en altitude, en Oisans, en Maurienne ou en Tarentaise, facilitée par un climat plus clément, chaud et sec, qui a fait remonter la limite supérieure de la forêt. Dans les Hautes-Alpes des bronziers exploitent les nombreux gîtes de cuivre en haute altitude et avec l'étain venu de Bretagne ils créent une métallurgie riche et originale que l'on nome "le bel âge du Bronze des Hautes-Alpes". Un phénomène identique se retrouve dans la civilisation de Melaun qui s'étend sur les Grisons et le Tyrol. Mais ces groupes humains aux productions très particulières, circonscrits dans un territoire bien délimité, sont perméables aux influences et aux échanges avec la plaine du Pô, la Bavière, la Suisse et le couloir rhodanien.
Deux séries de deux haches
plates coulées dans des moules semblables : chaque série présente
les mêmes défaut de surface.
Type de la Civilisation du Rhône du Bronze ancien.
Ternay,
Rhône.