LES ZONES FOUILLÉES (plan Fig. 2)Il sera décrit seulement les pièces qui présentent un intérêt ou des caractères particuliers.
1 - Grande Sépulture (Fig. 10 ci-contre)
Cette zone assez vaste regroupe trois sondages voisins effectués durant l'année 1963, à l'intérieur, à coté et devant une grande niche creusée dans la paroi.Niche ou Sondage E (Fig. 10-1 et photo ci-contre) :
C'est la sépulture principale, la plus vaste et la mieux documentée car 156 vases (dont 90% en pâte fine) en proviennent alors que les sondages F et G de la Grande Sépulture en ont donné seulement 21. Elle comportait les couches suivantes :
1) Cailloutis constitué de blocs hétérométriques provenant soit de la voûte, soit de l'amé-nagement de cette zone pour le passage des visiteurs.
2) Terre noirâtre avec des éléments calcaires sur 8 à 10 cm d'épaisseur avec de rares tessons.
3) Terre noirâtre avec de la céramique grossière, 5 à 8 cm d'épaisseur.
4) Couche sableuse avec cailloutis et de rares blocs contenant une très grande quantité de tessons, toujours très concassés. Cette couche formait une cuvette de 15 cm d'épaisseur sur les bords et de 50 cm au centre. En fin de fouille celle-ci s'étendait sur 6 m de long et 2 m environ de large.
Sur le bord nord de la cuvette il y avait quelques ossements humains dont une mandibule prise dans la calcite, à l'emplacement très probable d'une inhumation, mais vu le brassage des sédiments aucune céramique ne peut lui être rapportée.
Cette stratigraphie ne doit pas faire illusion car le plus important niveau archéologique est complètement perturbé sur toute son épaisseur.Sondage F (Fig. 10 - n°2) :
A partir de la niche de la Grande Sépulture, en longeant la paroi vers le nord, une zone rocheuse très fissurée contenait des tessons à environ 1 m de profondeur. Ils reposaient dans le fond de ce petit couloir non complètement comblé par les éboulis ; les urnes, vases et coupes avaient dû être posés contre la paroi puis recouverts de terre noire avec quelques blocs ; une petite niche lui faisant suite avec quatre vases individualisés. Dans ce sondage il n'y avait pas d'ossements humains ni de vase de la phase ancienne.Le matériel comprenait aussi deux perles d'ambre (Fig. 8-8 et 10), des parures en céramiques (Fig. 5 - 4 et 12) du Bronze final ; un poinçon en os (Fig. 9-2), une canine et une incisive d'ours percées (Fig. 5-6 et 11) avec une lame de silex (Fig. 7-1) blond, épaisse, à retouches mar-ginales obliques, en silex du Grand Pressigny que Nicole Mallet (1992), spécialiste de ce silex, interprète comme un fragment de poignard réutilisé.
On est en présence ici d'un Néolithique final (avec un fragment de vase tonneau en pâte assez grossière de type courant à Charavines) primiti-vement inclus dans les couches profondes et recouvert par la suite avec des vases au Bronze final, comme cela était le cas dans le Locus II (voir plus loin) ; mais ici ces quelques éléments néolithiques ont été mélangés aux plus récents, lors de la violation des couches à une époque indéterminée.
Sondage G (Fig. 10 - n°3) :A l'est des sondages E et F, des couloirs aboutissent à une salle de dimension moyenne où fut installé un cadre de repérage de 2 m sur 4 m, en bas de la pente, qui se révéla rapidement inutile vu le brassage des couches. Le sol était constitué de blocs et de petits éléments calcaires plus ou moins enchâssés de sable.
Cette couche enlevée, des blocs assez volumineux, liés avec du sable noirci par des dé-pôts de charbon de bois finement pilé ou de suie très grasse, s'empilaient sur 80 à 90 cm d'épaisseur. Entre les blocs les espaces étaient colmatés par des plaquettes détachées de la paroi, par de nombreux tessons de poteries grossières et de quelques fragments de poteries fines en pâte noire et lustrée ; des ossements humains (dont plusieurs vertèbres) non calcinés étaient très dispersés.
Parmi les tessons excessivement morcelés ont été reconnus deux coupes carénées de la phase ancienne, qui pourraient être en rapport avec les ossements, et seulement un gobelet à épaulement de la phase moyenne.
Matériel archéologique de la Grande Sépulture :
La céramique
Tout le matériel de la zone de la Grande Sépulture sera étudié globalement et sommairement (se reporter aux planches), sauf pour des éléments particuliers, étant donnée l'homogénéité typologique et chronologique des vases.
Le tableau donne le nombre de récipients reconnus. A la phase ancienne, avec seulement 6 vases, il y avait probablement quelques tombes à inhumation attestées par des ossements épars dans le sondage E.
Par contre la phase moyenne est très fortement représentée par 177 vases identifiés. La faune, abondante, n'a pas été étudiée dans le détail : on reconnaît les ovicapridés, le porc, le buf et le chien.
Phase ancienne du Bronze final :
-tasse cylindrique (Fig. 11-4) à fond rond, en pâte fine micacée grise, un peu sableuse avec une anse en X.
-pichet biconique (Fig. 11-1) en pâte gris-beige de texture moyenne, à col haut et divergent, avec trace de coups de spatule sur la panse ; une anse en X est disposée entre le col et la panse.
-coupe carénée apode, en pâte sableuse beige, décorée de cannelures légères verticales et quatre mamelons cerclés et une autre identique mais sans mamelons (Fig. 11-3 et 5).
-Grande urne biconique en pâte grossière, à rebord éversé plat, à large fond plat, est décorée à la rupture de pente par une ligne d'impressions digitales ; la partie inférieure de la panse porte les marques accentuées d'un large lissoir, dans la tradition des panses frottées et irré-gulières de la phase ancienne et aussi du Bronze moyen régional dont on retrouve la forme en "pot de fleur" (Fig. 17-5).
Le " pichet " et la tasse, à anses en X, datables du tout début du Bronze final (Bronze final I) correspondent aux premières tombes de la phase ancienne de la Grande Sépulture ; les coupes carénées peuvent leur être légèrement postérieures (Unz 1973).Phase moyenne du Bronze final :
Les planches montrent les divers types :
-gobelets à épaulements (Fig. 16)
-coupes carénées et écuelles à épaulement (Fig. 11 et 12)
-plats simples et plats sur piédestal (Fig. 13 et 5)
-urnes biconiques, globuleuses et à col (Fig. 12, 16 à 18)
-jattes (Fig. 14 et 15)
-tasses et bols (Fig. 12-2 et 7)
En plus, voici quelques éléments remarquables :
-urne biconique en pâte fine, noire et lustrée, à rebord éversé et fond plat (Fig. 14-1). Ce vase est très original car il associe la pâte, dure, lustrée et noire habituelle de la phase moyenne, à un décor typique de la phase ancienne : la partie inférieure de panse peignée et la carène portant des cannelures verticales encadrant des mamelons cerclés et des cannelures hori-zontales sous le col.
-plat sur piédestal (Fig. 13-12) en pâte fine, noire et lustrée dont les méplats internes sont richement gravés de deux frises de dents de loup et d'un motif en étoile autour de l'ombilic central. C'est le plus beau vase décoré du site.
-grande urne biconique (Fig. 12-1) en pâte fine, noire et lustrée ; le col concave divergent est décoré de sillons enfermant un motif de dents de loup gravées et le dessus de la panse porte une frise gravée de chevrons doubles. La gravure conserve encore par endroit de la matière blanche.
-deux vases en pâte noire et lustrée : coupe carénée (Fig. 12-3) richement gravée de dents de loup, de triangles et de carrés hachurés et une autre (Fig. 12-5) porte sur la panse des dents de loup hachurées. La gravure conserve encore par endroit de la matière blanche.
-trois coupes, à carène douce (Fig. 14-2, 3 et 5), avec un décor de cannelures légères horizontales et verticales habituelles à la phase ancienne, mais ici, la carène est très adoucie et la pâte est fine, noire, lustrée et dure.
-grande urne biconique (Fig. 17-2) à haut col cylindrique et fond plat, décorée de deux cannelures horizontales juste sous le col et de deux autres au-dessus de la rupture de pente de la panse ; la pâte, de texture moyenne, est bistre rougeâtre, dure et bien lissée.
-un fragment de coupe en pâte noire, fine et lustrée, à rebord éversé (Fig. 18-6) porte sur la panse un curieux mamelon allongé biforé.
-fond plat (Fig. 18-4) en pâte moyenne bistre, décoré de cannelures disposées en carré.
Autres objets
-Poinçon affûté (Fig. 9-2, sondage F) sur un métapode d'ovicapridé.
-Quatre fusaïoles (Fig. 5-3, sondage F) et (Fig. 8-2, 5 et 11, sondage E)
-Deux perles d'ambre globuleuses à perforation filiforme (Fig. 8-9, sondage E) et (Fig. 8-12, sondage F) et une elliptique à plus grosse perforation (Fig. 8-8, sondage F)
-Un anneau de céramique et une copie en céramique d'une coquille de forme ovale avec perforation apicale très usée par le lien de suspension (Fig. 5-4 et 12, sondage F)
-Une série de cinq anneaux de bronze (Fig. 5-7 à 10 bis, sondage F).2 - Montée du Calvaire et sous les blocs du ruisseau
C'est un ensemble formé par d'énormes blocs effondrés dans le lit du ruisseau, le long du chemin de la visite. Quelques sondages ont porté sous et entre les blocs ; de l'aval vers l'amont les points suivants ont livré du matériel :
Point 5 : De nombreux ossements de chevaux et de bovidés sont recouverts d'une couche terreuse et tuffeuse ; peu de céramique, surtout grossière.
Point 6 : Entre les blocs au centre, sous une couche terreuse, se trouve un niveau riche en charbons de bois contenant une coupe apode peinte (Fig. 19-7) ainsi qu'une mandibule humaine, le tout reposant sur une couche blanchâtre calcaire. C'est très vraisemblablement une inhumation de la phase ancienne du Bronze final.
Point 7 : Un énorme bloc occupe la Montée du Calvaire, sous la "Coupole". En dessous, dans sa partie amont, il y avait une grande quantité de céramique et de faune diverse.
Sous sa partie aval, une épingle à tête en crosse (Fig. 6-1) était coincée dans un éboulis de petits blocs à côté d'un crâne humain qui attesterait d'une inhumation à la phase ancienne du Bronze final. Tout près de là une terre noirâtre charbonneuse contenait des poteries fines en pâte noire et lustrée (incinération de la phase moyenne ?).
Point 8 : Sous un énorme bloc un espace permettait un sondage.
Au fond, vers le haut de la montée, dans un sédiment très concrétionné difficile à attaquer, une inhumation en pleine terre avec quelques ossements restés en place, malheureusement sans céramique donc indatable.
Plus bas, sur une épaisseur de 10 à 15 cm, beaucoup de tessons grossiers ou noirs lustrés et quelques os d'ovicapridés noyés dans une terre noire avec peu d'éléments pierreux. Incinération de la phase moyenne ?
Point 9 : En amont et au-dessus de la Montée du Calvaire, existent de petits goures concrétionnés dans lesquels furent trouvés quelques vestiges gallo-romains du IIIe/IVe siècle et une coupe à col de la phase moyenne.
Les anfractuosités, entre et sous les blocs de la Montée du Calvaire, abritaient plus de sépultures de la phase ancienne que de la phase récente au vu de la répartition chronologique des vases.
L'âge du Fer est représenté par une jatte à placer probablement au Hallstatt (Fig. 20-6) et une urne globuleuse de la Tène (Fig. 20-2) trouvées isolées sous des blocs.Matériel archéologique
Céramique :
-Coupes à col (Fig. 19-11 et 12) et coupes carénées (Fig. 19-3 à 7)
-Gobelets à épaulement ( non dessinés car trop fragmentés)
-Jattes et plats (Fig. 20-4 à 6)
-Urnes biconiques (Fig. 19-8 et 9, 20-1 et 3)
Quelques vases remarquables :
-coupe apode, carénée, à rebord éversé et à fond ombiliqué, en pâte très fine lissée avec soin, de teinte brune, porte un décor à la peinture blanche qui simule les cannelures verticales habituelles ; il reste des traces de cette peinture au-dessus de la carène et sur le rebord (Fig. 19-7).Phase ancienne du Bronze final.
-panse globuleuse nappée de coups d'outils profonds (Fig. 24-1). Phase ancienne du Bronze final.
-grande urne biconique à rebord concave très divergent et décorée de larges méplats sur la partie supérieure de la panse (Fig. 19-9). Phase moyenne du Bronze final.
Autre matériel
-épingle à tête en crosse en bronze (Fig. 6-1) à fût de section carrée et à enroulement terminal (pièce perdue dont il ne reste qu'une photo). Phase ancienne du Bronze final.Sondage L
Vers les petits bassins de la Montée du Calvaire, un grand plat (Fig. 23-3), une urne biconique en pâte grossière (Fig. 23-2) et une jatte à bord plat et à la panse peignée (Fig. 23-4) sont de la phase moyenne du Bronze final.
3 - Galerie du Tableau électrique
Dans cette galerie un tableau commandait l'éclairage de la grotte. Elle présente quelques ramifications conduisant à une petite salle dont le sol noirâtre, parsemé de petits blocs, n'a rien livré en place, de même que les petits diverticules latéraux bouleversés.
Par contre dans la petite salle, après avoir éliminé les blocs calcaires dans une terre sa-bleuse à 10-15 cm d'épaisseur, de nombreux tessons de poterie noire, fine et lustrée, accompagnaient d'autres plus grossiers : cela représente plusieurs vases ou jattes à fond plat.Matériel archéologique
Céramique :
Phase ancienne : coupes carénées (Fig. 22-2)
Phase moyenne : coupes carénées (Fig. 22-4)
-écuelles à épaulement (non dessinées)
-gobelets à épaulement (Fig. 22-3)
-plats et jattes (Fig. 21 et 22-5 à7)
-plat sur piédestal (non dessiné)
-urnes biconiques et urne globuleuse (Fig. 21-1 et 2, 22-1)
La phase ancienne du Bronze final est ici très peu représentée par rapport à la phase moyenne.Galerie parallèle à celle du Tableau électrique
Cette galerie étroite est parallèle à celle, plus importante, que nous venons de voir. Parmi les blocs tombés du plafond les sondages n'ont rien livré, même en profondeur. Par contre en remontant cette galerie, dans une partie à angle droit avec le fond, il y avait à la surface du sol, un gros bouton à bélière en bronze, plat et sans décor (Fig. 5-14).
En allant vers le réseau de Mandrin, près du Tableau électrique, une petite galerie avait une épaisse couche sableuse avec quelques éléments calcaires : à environ 1 m de profondeur et sur la paroi droite face à l'entrée de cette galerie, une grosse "bouteille" sphérique à fond rond et à quatre anses en ruban (Fig. 30-1) était dissimulée, en très bon état, dans une petite cavité de la paroi. On n'en connaît aucune comparaison régionale et on l'attribue au Néolithique moyen.
Un bouton en bronze, à bélière (Fig. 5-15) a été retrouvé à une faible profondeur sans autres vestiges.
6 - Près du balcon du photographe
(sondages des guides et barrière du photographe)Le long de la paroi ouest en montant l'escalier, vers la plate-forme en ciment dite "balcon du photographe", existent des anfractuosités entre des gros blocs et sous la voûte basse qui poursuit la paroi ; quelques dégagements ont eu lieu sans pouvoir aller très loin sous la voûte.
Plusieurs urnes écrasées contenaient encore quelques petits fragments d'os humains sans traces d'ustion apparente. De grands tessons de vases à pâte brune se trouvaient mêlés à de la terre noire (charbon de bois ?), à des plaquettes calcaires et à des blocs hétérométriques, sédiments qui pourraient provenir de la construction du chemin d'accès vers la plate-forme supérieure.
Dans ces sédiments très brassés on a reconnu, outre des vases en pâte grossière difficiles à individualiser, plusieurs vases fins tous très fragmentés.
En pâte fine, noire et lustrée : deux plats sur piédestal, à marli mouluré et à décor interne de larges méplats, huit plats à marli mouluré ou facetté et à décor interne de larges méplats (Fig. 24-2), une urne biconique à panse peignée et une coupe noire, fine, carénée à bord éversé plat et à décor de cannelures verticales (Fig. 25-3), une coupe noire à épaulement (Fig. 25-6). Ces vases sont placés à la phase moyenne du Bronze final.
Dans une petite faille de la paroi, près de l'escalier montant vers le balcon du photographe, une petite coupe carénée en pâte fine et noire (Fig. 25-2) est de la phase moyenne du Bronze final.
Une jatte à rebord rentrant, à bord rond et à fond plat est en pâte fine, grise et légèrement "feuilletée" avec des marques de tournassage interne (Fig. 24-3) ; nous la datons de la Tène finale.
Toujours à l'ouest en montant le chemin de visite, en contrebas du " Moine " et dans une zone en pente, les guides de la grotte ont ramassé plusieurs fragments en pâte épaisse brune :
-grande urne biconique à haut col, décorée de cannelures parallèles (Fig. 25-1).
-urne biconique à rebord droit plat, décorée d'impressions digitales à la rupture de pente et au-dessous de panse striée (Fig. 25-4).
-urne biconique à carène haute, à rebord éversé concave et à décor d'incisions obliques sur la carène (Fig. 25-5).
Bien que non accompagnés de céramique fine et noire, ces restes sont de la phase moyenne.Dans ces deux zones des tessons en pâte grossière, bistre, à panse cylindrique ou en tonneau portaient parfois des mamelons ou des languettes, les fragments étant trop petits pour donner lieu à une reconstitution ; on les place au Néolithique final sans pouvoir discerner la raison de leur dépôt.
Ci-dessous le tableau en montre la répartition :6 - Le Bar
En haut et à l'est de la Montée du Calvaire étaient installées des tables pour servir des boissons quand un bal avait lieu dans la grotte, d'où son nom. Le sol constitué de plaquettes et de sable colmatait plus ou moins les fissures de la roche. Les fouilles le long de la paroi, entre les blocs, ont livré quelques tessons de poterie fine, du charbon de bois et des os d'ovicapridés jeunes. Tout était très remanié.
Quelques phalanges humaines, deux coupes carénées en pâte grise sableuse à décor de cannelures légères verticales, une urne biconique en pâte moyenne et la panse d'une urne globuleuse portant des stries obliques de peigne sont attribuables à une (ou des) tombe de la phase ancienne du Bronze final.En contrebas du chemin de visite sous l'emplacement dit "Le Moine", entre des blocs, quelques grands fragments de vases étaient recouverts par un peu de sédiment noirâtre charbon-neux. Cette zone a été fortement remaniée par les creusements anciens effectués pour aménager le chemin de la visite.
-Trois grandes urnes : une à deux méplats sous le col, une à impressions digitales sur la rupture de pente et une décorée à coup d'outil sur le bord externe du rebord éversé (Fig. 22-8 à 10) de la phase moyenne du Bronze final.Vers François 1er
Peu après la Rotonde en allant vers le réseau de François 1er un sondage de 50 cm de large coupait le chemin de la visite. Tout était remanié, avec des galets et des éléments calcaires brisés qui contenaient des tessons d'un vase globuleux néolithique (?), de trois coupes carénées de la phase ancienne du Bronze final (Fig. 24-4), d'une coupe carénée et de deux urnes (Fig. 24-5) en pâte fine noire et lustrée de la phase moyenne.
Vers François 1er sous les blocs
En allant vers la "Salle à manger" de François 1er, à l'est un étroit passage conduit à un petit abri sous un énorme bloc d'effondrement coincé entre les parois. A l'intérieur, dans du sable très sec avec peu de cailloutis, parmi des tessons très fragmentés de poterie fine noire, brillante ont été reconnus deux gobelets à épaulement et trois plats de la phase moyenne du Bronze final.
Galerie François 1er
Une galerie part de la Rotonde pour aller vers la Salle à manger et le Balcon de François 1er. Le sol contenait les restes très fragmentés d'au moins trois grandes urnes en pâte grossière des phases ancienne ou moyenne du Bronze final, deux jattes (Fig. 24-6) de la phase moyenne, une urne globuleuse (Fig. 24-8) et une jatte (Fig. 24-7) de la Tène.
Près du Labyrinthe François 1er
Une grande urne presque intacte, globuleuse en pâte moyenne marron clair, présente un cordon sous le bord et quatre languettes au-dessus de la panse arrondie (Fig. 23-1). On attribue ce vase au Bronze ancien.
On ne sait pas exactement d'où proviennent, dans cette zone, les éléments trouvés en 1895 par E. Jacquemet et en 1960 par le Groupe archéologique de Bourgoin.
Là certains tessons étaient collés en surface par un voile de calcite mais les couches inférieures étaient remaniées mélangeant des éléments de la Tène III-Gallo-romain précoce au Mérovingien d'après J. Combier (1961). Il y avait aussi des coupes bien lissées, à rebords facettés et moulurés, à fond plat et sou-vent de grand diamètre associées à des tessons grossiers ; ceci atteste la présence d'un (ou de plusieurs) dépôt de la phase moyenne (Fig. 18-9)
Sépulture gallo-romaine dans le tufDans la Rotonde d'où partent deux circuits pour aller vers François 1er, se trouve à l'ouest une petite galerie au sol très noir, encombrée de gros blocs ; elle mène à une petite salle assez haute large de 2 m et longue de 5 à 6 m dont le sol est tuffeux, gris noirâtre.
Un sondage a mis au jour de nombreux restes humains brûlés, une céramique entière en pâte gris jaunâtre, décorée d'un motif ondé obtenu au peigne (Fig. 23-6) et un sesterce d'Alexandre Sévère (225-235 ap. J.-C.) à tête laurée regardant à droite. Il s'agit probablement d'une tombe à incinération du IIIe siècle qui n'a pas été violée.Couloir d'accès à la sépulture dans le tuf
De la Rotonde vers la salle François 1er, partent de nombreuses galeries dont celle menant à la sépulture que l'on vient de décrire et une autre à coté.
Dans du sable et un cailloutis très noir il y avait quelques tessons de poterie fine noirâtre et des fragments d'un vase à pâte brunâtre. Jouxtant ce couloir, sous un énorme bloc d'effondrement et entre de petits blocs : un fragment d'une fibule en fer (Fig. 9-4) de la Tène moyenne ou finale, un fragment d'une bague en verre bleu et un fragment d'un support de vase en terre cuite claire.9 - Diverticule du déversoir du lac
Dans l'historique des fouilles on a vu les conditions de découvertes des inhumations placées près du déversoir du lac (Fig. 26 ci-contre). Selon la liste des os, deux corps au minimum ont été inhumés à l'entrée du diverticule latéral. Les observations de fouille indiquent de forts remaniements et une large dispersion des éléments osseux dans une couche argilo-sableuse contenant des restes humains, des tessons et des os de chiroptères.
Outre ces restes, souvent concrétionnés et auxquels adhéraient à des tessons, une grande coupe était assez bien conservée parmi de nombreux fragments de vases grossiers. En pâte beige sableuse, cette coupe apode, à carène accentuée, est décorée de deux cannelures horizontales sous le rebord éversé, de cannelures verticales légères sur la carène elle-même ornée de quatre mamelons soulignés de cannelures concentriques (Fig. 23-5). On est en présence d'inhumations de la phase ancienne du Bronze final sans aucun témoignage de la phase moyenne.En 1966 la prospection des galeries supérieures situées au nord de l'entrée de la grotte amena la découverte d'un réseau karstique sec avec de petits passages étroits qui ont dû être agrandis. Une liaison relativement facile a été ainsi établie entre les différentes zones fouillées. Ces zones ont été nommées Locus I, II, III, IV (voir le plan de la grotte et des locus Fig. 2).
Le Locus I et le Locus II sont des diverticules situés de part et d'autre d'une galerie qui débouche par une large ouverture située à 7 m au-dessus du sol, à 10 m de l'entrée de la grotte. Le soleil y pénètre l'après-midi pendant quelques heures en été (Fig. ci-dessous).Locus I (ou salle de la coupole)
Stratigraphie et matériel
1) Couche I : éboulis de blocs dus à la dégradation de la voûte et des parois, épais de 50 à 70 cm. Gallo-romain avec quelques tessons de céramique métallescente des IIIe/ IVe siècles.
2) Couche stérile sableuse mêlée de cailloutis, épaisse de 5 à 10 cm
3) Couche II : couche sableuse épaisse de 15 à 20 cm. Phase moyenne du Bronze final avec un petit fragment d'urne en pâte noire comportant un décor de stries parallèles et un fragment de poterie grise fine sans décor.
La faune est constituée de quelques restes d'ovicapridés, de suidés et équidés.
4) Blocs hétérométriques mêlés à du sable grossier : 5 à 10 cm
5) Couche III : sableuse de 50 à 60 cm. Néolithique probablement final.
Quelques tessons de céramique à gros dégraissant ne permettant pas de reconstitution, trois fusaïoles biconiques cassées (Fig. 5-1, 8-1 et 6) et une pointe de flèche losangique à retouche bifaciale (Fig. 7-9). Un fragment de pointe de silex épaisse à retouches envahissantes et divers éclats de silex avec ou sans retouches (Fig. 7-6).
Une pioche en bois de cerf à biseau unilatéral et à perforation rectangulaire (Fig. 6-4). L'industrie sur bois de cerf est constituée par de nombreux fragments d'andouillers portant des incisions et des traces de sciage (Fig. 6-6 et 8). Un poinçon en os (Fig. 9-5)
La faune est représentée, en plus du bois de cerf, par un crâne de chien mal conservé. Une vertèbre et une phalange humaine ne suffisent pas pour attribuer cette couche, qui ne semble pas avoir été perturbée, à un niveau sépulcral.
6) Blocs plus volumineux avec sable grossier puis galets mêlés à du sable et de petits blocs calcaires sans éléments archéologiques.Locus II (ou salle du cerf)
Stratigraphie et matériel
Dans cet étroit boyau karstique (Fig. ci-dessus), furent individualisées les couches suivantes sous des blocs effondrés de taille variable :
-une couche sableuse, enrobant un petit cailloutis, de 5 cm d'épaisseur.-Couche I ou supérieure : couche sableuse de 15 cm contenant des tessons épars de quelques vases grossiers et en pâte fine et brillante dont deux gobelets à épaulement ont pu être re-constitués : un décoré de cannelures horizontales et de petits mamelons sur la panse et l'autre avec des cannelures sur la panse et des sillons sur le haut col (Fig. 28-7 et 8). Phase moyenne du Bronze final.
La faune associée est représentée par des suidés et des ovicapridés jeunes avec de nombreuses dents lactéales.
-Couche II ou inférieure : niveau caillouteux avec sable, d'une épaisseur de 5 cm, qui recouvre 50 à 70 cm de sable homogène.Industrie lithique :
-de nombreux éclats de silex, retouchés ou non et une lame épaisse corticale retouchée.
Céramique :
-sept grands récipients en pâte assez grossière de couleur bistre, à fond rond, cylindriques ou en tonneau, avec ou sans languettes de préhension (Fig. 28-1 et 29-2 à 4)
-un grand bol et quatre petits bols à fond rond (Fig. 28-2 à 6)
-un fragment de fusaïole torique (Fig. 5-2)
Le matériel est caractéristique du Néolithique final dans la tradition du Néolithique récent rhodanien (ou Civilisation Saône-Rhône) de faciès identique à celui de Charavines, à 30 km au sud...
En plus : une très grande écuelle à carène basse, en pâte fine bien lissée et bien cuite, à fond rond et à haut col évasé (Fig. 29-1) et deux fragments de panses très globuleuses (faisant penser à des marmites sphériques) en pâte fine sombre, bien lissée et bien cuite portant une languette horizontale multiforée ne peuvent pas faire typologiquement partie du matériel décrit ci-dessus ; on y verrait plutôt, par les pâtes et les formes, des éléments du Néolithique moyen mélangés aux autres vases mais ils sont trop peu nombreux pour affiner le diagnostic.
Industrie osseuse :
-une gaine de hache à tenon rectangulaire (fig. 7-14),
-une grande ramure et de nombreux fragments de bois de cerf portant traces de travail et de sciage (Fig. 6-7). Un poinçon sur métapode d'ovicapridé,
Faune :
-ossements divers de cervidés et une cheville osseuse d'Ovis palustris (détermination C. Guérin, Laboratoire des Sciences de la Terre de Lyon).
Le niveau néolithique ne comprenait aucun reste humain et comme pour le Locus I, on s'interroge sur les raisons de la présence de ce matériel dans cet étroit boyau.
Locus III (ou puits de la sépulture)En remontant la galerie d'accès aux Locus I et II, une cheminée puis un couloir en surélévation ouvrent sur de petites salles basses. Le fond de cette galerie a été déblayé ce qui a rendu possible la communication avec une grande galerie où persiste la trace de sondages anciens.
Cette galerie s'ouvre aussi dans la galerie principale à environ 10 m au-dessus du sol (voir ci-dessous).
A l'est, dans la paroi, une faille étroite aboutit dans une très petite salle haute de plafond ; c'est le Locus III qui n'avait pas été touché avant les fouilles, tout son contenu étant bien en place.Stratigraphie et matériel
-Couche I. Le sol d'éboulis hétérométriques recouvre une couche sableuse, avec petit cailloutis, d'une épaisseur de 15 cm qui contenait une pièce de monnaie (Postume, IIIe siècle) et un fragment de bague en bronze gallo-romaine.
-Couche II. Sableuse, de 40 cm d'épaisseur, elle a livré une urne biconique à double cordon lisse reliant quatre anses en ruban (Fig. 30-2). Entière et écrasée en partie, elle contenait une bague en bronze plaquée d'une feuille d'or au décor de côtes guillochées (Fig. 5-16). Phase moyenne du Bronze final.
Cette couche contenait aussi un fût d'épingle en bronze (Fig. 6-3) et un fragment de fusaïole torique.-Couche III. Plaquettes cryoclastiques noyées dans du sable (épais. : 10 cm) au-dessus d'une couche sableuse de 75 cm d'épaisseur. Sous les plaquettes calcaires, des ossements humains d'au moins sept individus masculins, sans crâne mais avec quelques mandibules, étaient posés les uns sur les autres (voir en annexe l'étude anthropologique de A. Cogoluèhnes).
Ils étaient accompagnés d'un éclat de silex, d'un fragment de bois de cerf travaillé (ébauche de gaine ?) et d'un poinçon double en bois de cerf (Fig. 9-3) ainsi que de quelques fragments d'andouillers avec des traces de travail.
Quelques fragments d'ossements humains, analysés au radiocarbone, donnent 3320 +/-140 BC (Ly. 980), soit 4390-3750 av. J.-C. calibré, c'est à dire un Néolithique moyen.
Il est regrettable qu'aucun vase n'ait été présent mais cet ossuaire est peut-être à mettre en relation avec les restes les plus anciens du Locus II décrits ci-dessus.
La faune est représentée par un fragment de maxillaire de bovidé, des chevilles osseuses et l'arrière d'un crâne d'ovicapridé.
En dessous, 40 à 50 cm de sable emballait un gros éboulis stérile.Conclusions de l'étude anthropologique
effectuée en 1988 par A. Cogoluènhes (voir les détails en annexe).
"Le Locus III de la grotte de la Balme a, au Néolithique moyen, reçu les sépultures d'au moins sept personnes. Tous les ossements examinés sont probablement de sexe masculin. Les âges au décès vont de 20 à 45 ans. Les statures sont moyennes et les indices de robustesse plutôt forts. Aucune pathologie n'est visible. Les mensurations sans écarts importants et la fréquence de certains caractères scopiques indiquent qu'il s'agit d'une population très homogène.
A part trois petits fragments, les crânes font totalement défaut et, ceci ayant été remarqué dès la fouille, on peut y voir un trait culturel.
Comparée aux principaux gisements suisses de la même époque, le Locus III se rapproche le plus de Corseaux-sur-Vevey.
Peut-être y-a-t-il des raisons culturelles à ces sépultures exclusivement masculines. Nous nous posons la question en pensant à la grotte sépulcrale du Fournet dans la Drôme (A. Cogoluènhes, 1977).
En ont été extraits des ossements datés du Chalcolithique et du Chasséen. Le dosage systématique du collagène des humérus (A. Cogoluènhes et J. Maréchal, 1982) conjointement à la détermination sexuelle de ces mêmes humérus (A. Cogoluèhnes et J. Pontier, 1979) nous fait entrevoir que les Chasséens ont, au Fournet, inhumé en ossuaire collectif des hommes exclusivement.
Ressemblances morphologiques avec les " Cortaillod " des bords du lac Léman d'une part, conformités culturelles avec des " Chasséens " de la Drôme, nous avons à la Balme une rencontre intéressante."En pénétrant plus avant dans la galerie des Locus et après une solution de continuité dans la partie menant au Locus III on grimpe dans une cheminée située une dizaine de mètres au-dessus du sol. Là une petite salle avait déjà subi des remaniements ; très humide elle présente un sol concrétionné constitué par du sable lié par de petits grains calcaires. Sur ce sol de nombreux tessons et un éclat de silex noirâtre parmi lesquels nous reconnaissons deux lots diffférents.
Un ensemble groupant :
-une petite urne biconique en pâte bistre, tendre et peu lissée (Fig. 32-3) présente quatre pieds courts et un léger mamelon allongé sous le col ; un décor de petits cercles estampés se déroule au niveau de la carène. C'est un vase très particulier dont la pâte, la préhension, la forme et le décor n'ont pas d'équivalent dans la grotte.
-un grand fragment en pâte moyenne beige qui était plaqué contre la paroi du fond et d'autres morceaux plus petits d'un vase en tonneau à quatre anses épaisses en ruban et à fond plat (Fig. 32-1).
-une grande urne biconique en pâte grossière, à carène accentuée, décorée d'impressions digitales profondes sous le bord (Fig. 32-2).
-une écuelle carénée en pâte semi-grossière lissée (Fig. 32-6).
-de nombreux tessons grossiers n'ont pas pu être remontés mais beaucoup de bords sont ornés d'impressions digitales (Fig. 32-4 et 5).
Ces vases posent un problème d'origine et de datation : nous serons très prudents car la forme comme le décor de la céramique grossière sont dans la tradition du Bronze moyen régional et l'urne à anses possède aussi une forme de la fin du Bronze moyen. Quant au vase quadripode il est tout à fait atypique. Avec beaucoup de réserves nous placerons ce matériel à la fin du Bronze moyen ou au tout début du Bronze final avec absence des coupes carénées apodes.
Un autre ensemble plus nettement de la phase moyenne du Bronze final regroupe :
-une grande coupe en pâte fine, noire et lustrée (Fig. 32-8) au bord éversé mouluré, comporte à l'intérieur deux rangées d'une double frise de dents de loup en lamelles d'étain collées ; il ne reste pratiquement pas de fragments métalliques mais la trace de la " colle " permet de reconstituer le décor.
-plusieurs jattes en pâte bistre, dure et lissée à bord rentrant facetté avec décor de sillons parallèles externes (Fig. 32-7 et 9).
Il n'y avait aucun ossement dans les sédiments du Locus IV.Sous le porche de la grotte et en dessous du Balcon de Mandrin s'ouvre, dans la paroi est, une galerie de 9 m de long et 1 m 50 de large environ. Deux sondages ont atteint une brèche osseuse, identique à celle décrite par E. Chantre dont les fouilles, ainsi que celles de E. Jacquemet, ont dû affecter une zone très voisine, située au débouché de cette galerie dans la grande salle d'entrée et qui avait livré des silex paléolithiques et des haches polies.
Les sédiments, anciennement remaniés, contenaient encore du matériel:
-probablement du Paléolithique supérieur ou de l'Epipaléolithique datent quelques fragments de bois de renne, trois lames retouchées en silex ; une empaumure de jeune renne, perforée d'un trou biconique, est la seule pièce remarquable de cette période (Fig. 9-1).
-quelques tessons du Bronze final dont un rebord de vase à épaulement et un marli de plat, une aiguille et un bracelet (Fig. 5-13) en fil de bronze à fermeture coulissante (deuxième âge du Fer ?).
-une hache polie en roche verte (Fig. 6-5), une dent de boviné percée (Fig. 5-6) et quelques éclats de silex (Fig. 7-2 à 7, 12 et 13) peuvent être attribués au Néolithique au sens large.
-Les pointes de flèches (Fig. 7-8, 10 et 11) proviennent des fouilles du siècle dernier.
Locus III
Dans le fond de ce vase les fouilleurs ont récupéré quelques
fragments de charbon de bois, restes probables d'une incinération.
Ceux-ci furent déterminés, en 1985, par l'anthracologue S. Thiébault
que nous remercions vivement.
4 fragments
de chêne à feuillage caduc (Quercus type robur petrae)
1 fragment de frêne (Fraxinus excelsior)
1 fragment d'orme champêtre (Ulmus campestris)
1 fragment de noisetier (Corylus avellana)
Malgré le faible nombre des échantillons, cette disparité
des essences, ayant pu constituer un bûcher, semblait intéressante
à l'analyste (in littera).