DIAGNOSTIC TYPO-CHRONOLOGIQUE DE LA CÉRAMIQUE
La céramique a été classée suivant une chronologie établie d'après les formes (Fig. 3 et 4), décors, couleurs et textures des pâtes auxquelles nous attribuons une grande importance pour discriminer des formes semblables à l'âge du Bonze final. Nous présentons ici brièvement nos critères de diagnostic.
Parmi les milliers de tessons très fragmentés, il a été possible d'identifier 421 vases à partir d'au moins trois éléments parmi les bords, rebords, cols, panses ou fonds, opération complétée par la concordance de la nature, l'épaisseur et la couleur des pâtes.
Bien des formes étant similaires ou très voisines, seuls 161 vases ont été dessinés, choisis parmi les plus complets ou les plus caractéristiques pour représenter la totalité du corpus.
RÉPARTITION CHRONOLOGIQUE DES VASES
Néolithique
Le Néolithique moyen est faiblement représenté par quelques tessons dans le Locus II d'une céramique bien cuite et bien lissée, formant écuelle et marmites sphériques.
Une grande "bouteille" à quatre anses était le seul matériel d'une galerie près du Creuset à Mandrin (Zone 34).
Le Néolithique final est mieux documenté avec des vases en pâte grossière généralement bien lissée, de teinte claire, bistre ou orangée pour des vases aux parois épaisses et aux formes simples (en tonneau, cylindrique ou globuleux) portant des languettes ou mamelons de préhension (Fig. 4 - 5 à 7).Phases ancienne et moyenne du Bronze final
C'est la période la mieux représentée par une masse considérable de céramique.
Pour distinguer la céramique fine des deux phases on se fonde, en plus des formes (Fig. 3 et Fig. 4), des décors (cannelures légères, gravures) et des rebords (toujours facettés à la phase moyenne) sur la texture, la qualité de la pâte et de la surface.
Les pâtes de la phase ancienne sont soit sableuses aux cassures molles et fragiles, soit bien cuites aux cassures franches et lissées avec soin ; la surface a la même teinte que la pâte, bistre, grise ou brune. Le dégraissant calcaire, fin, toujours présent, est plus ou moins visible.
Celles de la phase moyenne sont uniformément grises, sans dégraissant apparent, très bien cuites, peu épaisses (souvent en "coquille d'uf" pour les gobelets à épaulement et les écuelles carénées) car l'intérieur des vases est souvent aminci par raclage. La surface externe diffère de la teinte de la pâte ; elle est toujours de couleur homogène, très sombre (noire ou brun foncé), lus-trée et brillante. C'est une céramique de qualité exceptionnelle, sonore, dure, aux cassures franches d'une remarquable homogénéité technique quel que soient les origines dans la grottes et les dates de leur dépôt. On les verraient sorties d'un même atelier sinon inspirées par une même tradition.Entre les phases ancienne et moyenne du Bronze final une vraie rupture technologique intervient dans les pâtes et les surfaces pour les vases de petite dimension ce qui permet de dater les types dont les formes ou les décors perdurent, comme pour les coupes carénées à décor de cannelures légères.
Pour la céramique moyenne ou grossière le diagnostic est plus difficile : en général à la phase ancienne les rebords sont plus courts, les bords un peu arrondis, les carènes moins nettes et la partie inférieure des panses très irrégulières et couvertes d'impressions bien marquées de la pulpe des doigts.
A la phase moyenne les bords sont aplatis, les rebords bien individualisés, la couleur des pâtes est variable du beige au brun foncé, le dégraissant hétérométrique toujours visible. La distinction entre les deux phases est très difficile à assurer sauf rares exceptions.
Les inventaires de vases grossiers que nous avons établis ne sont, bien sûr, pas représentatifs de la réalité du matériel. En effet, plus de deux cents kilos de tessons ont été récoltés en divers points de la grotte et la majeure partie, en poids mais pas en nombre, sont ceux de vases en pâte grossière. Pour ceux-ci forme, épaisseur, teinte et aspect sont très semblables ; seuls de très rares grands tessons peuvent servir à individualiser les vases et il a été pratiquement impossible de leur rattacher d'autres morceaux. Ceci explique pourquoi ils sont en très faible pourcentage dans nos comptages.Répartition typologique de la céramique du Bronze final
Par contre, la reconnaissance plus aisée des vases fins permet de mieux les ventiler selon les formes ; mais là aussi les chiffres ne sont qu'indicatifs car il serait tout à fait illusoire d'établir des statistiques. En effet les types sont plus ou moins difficiles à individualiser ; les tessons ont des différences de fragmentation en fonction de leur origine dans le site et , d'autre part il y a une différence de fragilité suivant les divers types de vases. Ainsi la proportion des coupes carénées apodes, des gobelets à épaulement ou des plats est certainement exagérée car ils sont toujours plus faciles à isoler et à reconnaître même avec de petits tessons.