Le Néolithique
A partir du IVe millénaire av. J.C., on assiste à la mise en culture progressive des terroirs sur les flancs du Grésivaudan (Saint-Jean-le-Vieux, Sainte-Marie-du-Mont, la Flachère), de la Combe de Savoie (Saint-Pierre-d'Albigny, Thénesol) ou sur les terrasses de Francin par des paysans néolithiques
Les 
    pierres à cupules
    De gros blocs parsemés de cupules (Betton-Bettonet, Coise, Villaroux, 
    Francin, Saint-Hilaire-du-Touvet, Saint-Bernard-du-Touvet, Saint-Pancrasse) 
    témoignent de l'occupation mais aussi de préoccupations religieuses 
    pas encore bien définies.
Les 
    haches polies
    Les haches polies utilisées pour le travail du bois
    proviennent de très loin, probablement du Piémont,
    ce qui suppose la fréquentation des cols alpins.
L'âge du Cuivre
Un courant d'échange porteur de la métallurgie du cuivre entre le sud (cluse de l'Isère) et le nord (vers Chambéry et la Combe de Savoie): deux poinçons en cuivre l'attestent à Sainte-Marie-du-Mont (au Trou de la Rousse) et à Saint-Pierre-d'Albigny avec une petite hache plate en cuivre.
L'âge du Bronze ancien
Des 
    importations métalliques
    
    L'âge du Bronze européen est marqué à ses débuts 
    (à la fin du IIIème millénaire av. J.C.) par une lente 
    diffusion des outils (haches, faucilles), des parures (bracelets, épingles, 
    pendentifs, etc.) et des armes (poignards, épées) dans les communautés 
    rurales éparpillées sur le territoire et en particulier dans 
    nos grandes vallées alpines comme la Combe de Savoie, la Maurienne, 
    le Grésivaudan.
    (Un poignard à manche massif à Saint-Pierre-d'Albigny et une 
    hache trouvée dans le Bréda à Pontcharra en témoignent).
Pas 
    de métallurgie régionale
    
    Aucun de ces objets ne sont fabriqués sur place ; ce sont les ateliers 
    spécialisés d'abord de Suisse rhodanienne puis d'Allemagne du 
    Sud (à l'âge du Bronze moyen) qui les "exportent" vers 
    les agriculteurs alpins dont les mauvaises conditions climatiques ont diminué 
    le nombre entre 1500 et 1300 av. J.C.
Début de l'âge du Bronze final
Au XIIIème siècle 
    av. J.C. on assiste en Europe occidentale à de grands bouleversements 
    humains et techniques favorisés par le retour d'un climat plus clément, 
    moins froid et moins humide.
    
C'est 
    une ère nouvelle qui commence dans l'histoire de l'Europe que les archéologues 
    identifient à l'âge du Bronze final.
    Traçons les plus grandes lignes de cette période la plus importante 
    de la protohistoire pour la formation du peuplement de nos régions.
    Diffusion d'un métallurgie perfectionnée à partir du 
    centre de l'Europe (civilisation des Champs d'Urnes), renouveau des techniques 
    agraires avec la généralisation de l'araire et de la traction 
    animale, circulation plus active des hommes et des idées, recherches 
    de nouveaux gisements de minerais, cuivre et étain, pour satisfaire 
    une forte demande d'outils et aussi d'armes nécessaires à la 
    défense des richesses qui s'accumulent à nouveau.
    Nourriture plus abondante, poussée démographique et conquête 
    progressive de nouveaux terroirs, reprise du commerce transalpin vers l'Italie 
    par les grands cols, prospection et exploitation minière en Maurienne, 
    en Oisans et probablement autour du massif des Sept-Laux, voilà ce 
    que le préhistorien découvre en Europe occidentale comme dans 
    dans notre région.
    
    En plus des produits manifestement issus de la civilisation des Champs d'Urnes 
    très largement et rapidement répandus en Europe entre 1300 et 
    1200 av. J.C. ; la hache à ailerons médians courts en est un 
    exemple remarquable.
Première métallurgie alpine
Dans les Alpes du Nord apparaît un type de hache inconnu ailleurs et dont la diffusion sera limitée à la région et très rarement "exportée"; c'est la hache à ailerons médians allongés. C'est un fait majeur pour l'économie alpine que la naissance d'une métallurgie du bronze spécifique et originale dans les Alpes du Nord.
Si les paysans alpins 
    n'ont pas "inventé" la métallurgie du bronze, ils 
    ont eu, en ce début du Bronze final, l'originalité d'utiliser 
    une technique mise au point par d'autres pour produire eux-mêmes, à 
    leur façon, l'outil fondamental du défricheur, la hache.
    Ceci est d'autant plus remarquable que la production des biens métalliques 
    était le monopole des bronziers d'origine centre-européenne 
    qui n'ont laissé à personne d'autre le loisir de tirer profit 
    de ce juteux commerce.
    
    Indépendance, audace technique et commerciale, maîtrise de la 
    montagne et de ses richesses, voilà quelques traits marquant l'originalité 
    de nos ancêtres, du XIIIème siècle av. J.C.
    
    Il est probable que ce type de hache ait été inspiré 
    par ceux que produisaient les ateliers de la plaine du Pô car les contacts 
    transalpins à cette époque ont été très 
    importants avec l'importation d'épées (Aime, Rumilly, Grenoble, 
    etc.) ou de hache (Annecy). Même sept vases fragiles, en terre cuite, 
    ont été apportés à Sainte-Marie-du-Mont, retrouvés 
    intacts sous forme d'un dépôt caché dans une grotte. Ils 
    avaient été fabriqués au nord de la Lombardie. 
La métallurgie 
    alpine originale et les contacts avec l'Italie se poursuivent
    
    Dans un contexte 
    européen où techniques diverses et cultures tendaient à 
    s'uniformiser sous l'influence des "Champs d'Urnes", le plus extraordinaire 
    est que cette indépendance alpine ne fut pas un feu de paille : elle 
    va se poursuivre au moins pendant un millénaire, malgré les 
    influences dominantes des "Champs d'Urnes" venues d'ailleurs.
    Celles-ci, bien sûr imprégneront variablement les villages alpins, 
    mais tous conserveront un espace de liberté qui permettra à 
    leurs propres traditions culturelles et techniques de survivre et de prospérer.
    C'est ainsi que du XIIème au Xème siècle les "Champs 
    d'Urnes" viendront exploiter les mines de cuivre de Maurienne au profit 
    de leurs ateliers installés au bord des lacs, mais les Alpins entretiendront 
    des rapports étroits avec l'Italie, avec l'importation de lingots de 
    cuivre, pour maintenir et conforter leur propre métallurgie aux productions 
    diversifiées en haches, bracelets, épingles, faucilles .
    
    Les dépôts d'objets de bronze de Saint-Pierre-d'Albigny et de 
    Thénesol marquent l'importance de la Combe de Savoie ; celui de Goncelin 
    témoigne de la métallurgie régionale et probablement 
    de l'exploitation de gisements cuprifères voisins.
    On peut imaginer sans grand risque la présence en ces lieux d'ateliers 
    de fabrication favorisés par un minerai proche (de nombreux filons 
    sont connus des géologues, près de Theys en particulier).
Localement les forêts 
    denses fournissaient en abondance le combustible nécessaire à 
    la transformation des minerais et à la fabrication des pièces 
    de bronze.
    
La fin de l'âge du Bronze
L'étain 
    arrive de Bretagne...
    
    Par la route commerciale qui empruntait la vallée de l'Isère 
    arrivait l'étain de Bretagne dont la trace se retrouve dans les haches 
    en provenance de l'ouest découvertes à Pontcharra. 
    
    La fin de l'âge du Bronze verront se poursuivre et se développer 
    les productions métalliques alpines par une diffusion généralisée 
    d'ateliers dans les bourgs, surtout après l'abandon des centres de 
    production de type industriel qui s'étaient installés entre 
    le XIe et le VIIIe siècle av. J.-C., sur les rives des lacs alpins 
    (Anney, Bourget, Aiguebelette). On en a retrouvé quelques haches, épingle, 
    lance ou pendeloque (Barraux, La Flachère, Lumbin, Pontcharra, Sainte-Marie-d'Alloix, 
    Sainte-Marie-du-Mont) qui témoignent d'une présence humaine 
    mais l'absence de recherches a limité nos connaissances.
    
Le début de l'âge du Fer
Leur disparition fut le prélude aux influences et/ou invasions hallstattiennes des premiers nomades guerriers venus profiter des grasses pariries du Plateau savoyard et du Sillon alpin, à partir du VIIe/VIe siècle av. J.-C. On en a des traces dans des grottes autour de Grenoble (Sassenage, Fontaine, Seyssinet) et une cuirasse trouvée au XIXe siècle à Grenoble.
Les Allobroges au 2ème âge du Fer
Dès le IIIe siècle 
    av. J.-C., les Allobroges ont occupé la région où des 
    tombes de guerriers avec épées de fer ont été 
    signalées à Cléry et Cruet.
    La toponymie et la conformation des lieux montrent des oppida ou des postes 
    de défense à Cruet, Montmélian, Barraux et Saint-Maximin 
    à Avallon.
La toponymie indique aussi des implantations dispersées sur tout le territoire.
BIBLIOGRAPHIE
    -- BOCQUET A. - 1997 - Archéologie et peuplement 
    des Alpes françaises du Nord, du Néolithique aux Ages des Métaux. 
    - L'ANTHROPOLOGIE. t. 101, n°2. p. 291-393, 41 fig.,
    biblio.














