La Combe de Savoie est depuis le début du IIe millénaire av.
J.-C. une région de passage et de peuplement , en particulier au pied
des falaises du massif des Bauges, sur les éboulis et les cônes
de déjection facilement cultivables
La table de Peutinger précise que le parcours entre Chambéry
et Albertville est divisé en deux étapes Leminco-Mantala
avec 16 milles (24 km) et Mantala-Ad Publicanos avec la même
distance, c'est à dire des conditions de route aisées pour couvrir
les 48 km en deux jours.
Polybe dit : " Le lendemain
on continua de marcher. Pendant quelques jours la marche fut assez tranquille."
La
voie dans la Combe
de Savoie ne présente aucun relief ou accident de terrain ce qui explique
cette facilité. La vallée de l'Isère continue à
être bien habitée aussi à l'époque gauloise, sur
ses deux rives de l'Isère, si on en croit les toponymes et les postes
de défense.
L'armée reprend sa marche sur la route qui passait au XVIIIe siècle
derrière la citadelle de Montmélian et non dans la plaine. Sur
son sommet a été récemment trouvée une monnaie
allobroge au cavalier, vraisemblablement dans les terres remuées lors
de la construction de la fortification au XVIe siècle, travaux qui
ont dû détruire les restes de l'oppidum gaulois.
A quelques kilomètres au nord, la route passe sur la terrasse de l'Isère et longe le poste fortifié de Verdun à Cruet, près duquel a été trouvée une tombe de soldat datée de la fin du IIIe siècle av. J.-C. ; celui-là pourrait avoir vu les Carthaginois, ce qui indique bien que la place forte était en activité à cette époque. Ces deux garnisons gauloises n'ont pas réagi comme prévu après le défaite des Allobroges sous l'oppidum de Saint-Saturnin.
On arrive ensuite près de Saint-Jean-de-la-Porte (future station romaine
de Mantala qui n'a pas été localisée exactement),
région où les vestiges de l'âge du Bronze attestent de
la densité et de l'ancienneté de l'occupation. Signalons la
présence d'un Miolans près du carrefour de la route vers la
Maurienne. Le château médiéval de Miolans, construit sur
des vestiges romains, est situé sur une forte butte au pied de la falaise
et domine la route antique : est-ce aussi un poste de défense
gauloise ?
Le lendemain, la marche mène à l'entrée de la Tarentaise, vers la future station de Ad Publicanos, près d'Albertville, après être passé au village de Tournon (Turno, la hauteur en gaulois). Des études récentes, après la découverte d'une ville gallo-romaine à Gilly (H. Barthélémy, 2006), n'arrivent pas à situer exactement ce poste de douane, à Gilly, à Saint-Sigismond, à Conflans ou à Tours : on peut seulement dire qu'il était implanté près d'Albertville.
Au débouché
dans la Combe de Savoie, il faut monter à Conflans puis redescendre
pour court-circuiter l'étranglement du lit au-dessous de ce bourg :
cela représente des pentes de 10 à 15 %, mais seulement sur
une distance inférieure à 2 km de montée et de descente.
En effet le contournement de Conflans par une voie établie dans la
plaine ne date que de la fin du XVIIIe siècle .
La route pénètre en Tarentaise sans traverser l'Isère
car elle reste en rive droite et c'est important comme on l'a vu, car ici
la rivière roule beaucoup d'eau, même en automne : il faut franchir
le torrent de l'Arly mais ici ce n'est pas un gros obstacle car il a toute
la place pour s'étaler dans la plaine de l'Isère, à la
sortie de ses gorges et avant son confluent. A partir de là, le chemin va
entrer dans la haute vallée de l'Isère, encaissée entre des pentes abruptes.
Ce sera vraiment la montagne : les étapes seront plus courtes ce qui signifie
des chemins plus difficiles